| Venomia | | Visiteur | | 295 messages postés |
|  Posté le 16-02-2004 à 19:50:06   
| La mission – vingt-sixième partie – Amour, Haine et abandon
Venomia perchée sur une colline, regardait tomber le crépuscule sur le paysage des Commonlands de l’Est. Une grande partie de la région était constitué de prairies d’herbe haute, semblant s’étendre à l’infini bien que ci et la quelques bosquets ou arbres solitaires venaient rompre la monotonie de la plaine verte.
La plaine continuait vers l’ouest jusqu’au Commonlands de l’Ouest et encore plus loin, elle s’engouffrait dans la foret de Kithicor. A l’est, à environ une demi journée de cheval, se trouvait la ville de Freeport. Venomia, en regardant vers l’Est ne pensait tout de fois pas à la ville humaine, mais dans son imagination, à l’horizon lointain, elle revoyait les tours noires de Rynna, maintenant disparues.
Elle se remémora la bataille sanglante, Qrixat qui l’avait assommée, et avec les survivants de la garnison de Rynna ils s’était enfui en la portant sur son dos, par les égouts, tandis que la ville s’écroulait autour d’eux, attaquée par terre et par mer par une armée et une flotte dix fois plus nombreuse que la garnison de la ville. Pourtant ils avaient tenu deux semaines entières. Quand elle reprit conscience, à peu près à l’endroit ou elle se trouvait maintenant, à l’horizon, elle voyait brûler les tours de Rynna. Les nains de Kaladim prétendent avoir vus la lueur du feu pendant une semaine entière.
Elle se rappela ne plus avoir parlé à Qrixat pendant très longtemps, elle était tellement fâchée sur lui de ne pas l’avoir laissée mourir. Il faut dire qu’à l’époque elle venait de perdre son bien aimée, et peu lui importait la mort. Peut-être qu’il devenait temps de lui être reconnaissante au contraire, car sinon elle n’aurait jamais vécu ses nombreuses aventures et elle n’aurait jamais rencontré Fani aussi.
Quarante ans, tellement long pour les humains, mais si peu de temps pour les elfes. Elle laissa se dissiper les images du passé et regardait maintenant vers le Nord, sa destination dans le futur proche. A l’horizon, au Nord, se dessinait le relief des collines de Rujark, et quelque part dans ses collines se trouvait le grand tunnel qui menait vers le désert de Ro.
Il commençait rapidement à devenir sombre et elle regardait maintenant la ferme dévastée en contre-bas. Fani avait attaché les chevaux cote à cote devant le porche de la ferme et elle était entrée dans le seul bâtiment qui avait encore un semblant de toit, sûrement pour y préparer les sacs de couchage et le dîner pour la nuit.
Elle et Fani s’étaient arrêtées une petite heure avant, devant les ruines de la ferme, détruite il y a une dizaine d'années par un raid des Orcs du clan Deathfist. Venomia connaissait l’endroit et la ferme se trouvait cachée entre deux collines, elle y avait déjà souvent passée la nuit sans jamais rencontrer le moindre danger.
Elle descendait prudemment de la colline et se dirigea vers son cheval. Elle fouilla rapidement le sac de voyage accroché à la scelle et en sortit la lettre qu’elle avait écrit deux nuits auparavant. Elle regardait le bâtiment pour être sûre que Fani ne la voyait pas à travers la fenêtre cassée et puis elle mit rapidement le papier dans la poche de sa tunique de cuir renforcé. Ensuite elle se dirigea vers le bâtiment ou Fani était entré et l’odeur d’une bonne ration de fer réchauffée qui venait à son encontre, lui confirmait que Fani avait pris soin de préparer à manger.
« Ah! Voilà, je voulais juste t’appeler Veno, le dîner est prêt, et je ne sais pas en ce qui te concerne, mais moi j’ai très faim. » disait Fani qui avait vu Venomia qui passait la porte d’entrée.
« Moi de même Fani, moi de même. Merci de t’avoir occupé de ça. » répondait l’elfe noire tout en s’asseyant devant la cheminée.
« Elle a fait du beau boulot. » pensait Venomia.
Fani était allée ramasser du bois sec et avait allumé un feu dans la cheminée encore intacte de la ferme. Elle avait cuit deux des rations de fer que Venomia avait acheté au Foreign Quarter de Neriak. Elle était même parvenue à trouver deux assiettes et deux gobelets en relativement bon état dans une des armoires saccagées de la ferme, et l’odeur de la nourriture était délicieuse dans ses narines.
A quelques mètres du feu ouvert de la cheminée elle avait déroulé les sacs de couchage et quand Venomia les regardait, elle avait immédiatement envie de s’y coucher, même sans manger, tellement elle était fatiguée à cause des événements de ces derniers jours.
« Pourtant je dois rester éveillée, il le faut ! » pensa t’elle.
Fani s’était assise tout à coté d’elle et lui offrait l’assiette de nourriture chaude. Cela sortait Venomia un peu de sa torpeur et elle s’appliqua à manger avec appétit.
Puis la demi elfe versait du vin dans les gobelets et en donnait un à Venomia, puis elle pris une bonne gorgée du sien. « Nous avons de la chance que ce n’est pas du vinaigre » dit-elle « Il est bien bon ce vin, je l’ai trouvée dans la cave et il en reste au moins une vingtaine de bouteilles encore. »
Venomia riait de bon cœur. « J’espère que tu n’as pas l’intention de nous rendre ivre mortes Fani, je crois que si je bois trois de ces gobelets je vais m’endormir assise. » Elle gouttait au vin, qui depuis les années qu’il était resté dans la cave poussiéreuse de la ferme détruite, avait du prendre encore meilleur bouquet.
Fani riait aussi et puis elles continuèrent à manger.
« Au fait, comment as-tu faite pour trouver des fruits frais, Fani ? Je n’en avais pourtant pas acheté. » demandait Venomia tout en dégustant ça nourriture.
« Ah! C’est une spécialité Ranger Veno ! » Fani souriait tout en mangeant ça ration. « Tu ne le sais peut être pas, mais nous sommes les as du forage, nous parvenons à trouver de l’eau et de la nourriture partout dans la nature, même dans les endroits les plus inhospitaliers. C’est un don de Tunare, notre mère nature. »
« Décidément ta déesse t’a offerte bien des dons Fani. Tu es magnifique. » Venomia se demandait comment elle allait ce passer d’elle, mais puis dans son esprit elle revoyait les portes immenses de Veeshan’s Peak et la mort certaine qui la guettait derrière. Si elle devait affronter le destin que son dieu avait prévu pour elle, elle le ferait seule, elle en avait décidée ainsi depuis longtemps.
« Je ne demande qu’à te plaire Veno. » Fani avait dit cela d’un ton tellement tendre et innocent que cela troubla énormément l’elfe noire, pourtant endurcie par les décennies de solitude et d’étude de la mort, tellement froide et dépourvue de sentiments.
Elles se regardèrent pendant de longues secondes dans les yeux et leurs bouches se trouvèrent à nouveau, elles ne sentirent même pas les gobelets et les assiettes encore à moitié remplis glisser sur le sol à coté d’elles.
Quand leur passion était enfin assouvie, elles étaient nues, dans les bras l’une de l’autre, couchés sur les sacs de couchage. Le feu dans la cheminée était presque éteint et la nuit était tombée déjà depuis plusieurs heures. Leur peau de couleur différente luisait dans la semi obscurité.
« Je t’aime Veno… » murmurait Fani qui se serrait très fort contre l’elfe noire.
« Moi aussi… » Venomia était enfin parvenue à le dire tout haut, et cette confession semblait lui faire perdre un poids énorme qui lui pesait sur l’âme depuis qu’elle avait vue Fani pour la première fois, chez Grozdoz, le marchand d’esclaves.
« Oublions ta mission Veno, restons ici, ensemble, pour toujours. Personne ne viendra nous nuire ici. Nous pouvons retaper la ferme et… » Venomia avait interrompu les rêves de Fani en lui mettant l’index sur la bouche.
« Je ne crois pas que le Prince Noir soit d’accord avec tes projets Fani, j’ai bien peur qu’il ne me laisserait pas en paix, aussi grande soit mon envie de rester ici avec toi, jusqu’à la fin des temps. Je dois essayer de récupérer la Hatestone, pour lui, mais surtout pour mon peuple. » Les mots réalistes de Venomia sonnèrent durement dans l’oreille de Fani, mais celle-ci se réalisa bien la naïveté de sa proposition à l’elfe noire.
Venomia s’était maintenant assise sur le sac de couchage, Fani était restée couchée contre son corps, sa tête sur ses cuisses bleues, et l’elfe noire lui caressait amoureusement les cheveux tout en continuant à parler.
« La maman ours ne m’a pas laissé le temps de finir mes explications à Nektulos. » dit-elle. « Je vais tacher de t’expliquer la nature de la Hatestone maintenant, Fani. »
Fani s’était un peu relevée aussi et avait posé sa tête sur l’épaule de l’elfe noire tout en mettant son bras autour de son cou. Elle écoutait avec toute son attention.
« La légende veut que c’est Innoruuk lui-même qui a remis la Hatestone au premiers souverains Teir ‘Dal il y a maintenant des dizaines de siècles. Le Roi et la Reine ont utilisé le savoir de la pierre pour construire les villes de Neriak et de Rynna et pour instaurer la culture et le mode de vie de mon peuple, tel que nous le connaissons encore maintenant, enfin jusqu'à la disparition de la pierre en tout cas. » Venomia prit une petite pause avant de continuer et Fani semblait remarquer de la tristesse dans ces yeux.
« Lentement mais sûrement mes yeux se sont ouverts depuis que j’ai entendu la voix et vus les images dans mon esprit Fani, et maintenant j’ai compris que lentement, et ce depuis que la pierre ne nous appartient plus, mon peuple est en train de mourir. » continuait-elle.
« Que veux tu dire Veno ? Je ne comprends pas, les Elfes Noirs existent toujours, non ? » demandait Fani.
« Oui, mais pour combien de temps encore ? Vois-tu Fani, depuis que la pierre n’est plus la, de plus en plus de Teir ‘Dal meurent prématurément, de maladies étranges, que même les meilleurs clercs de Qrixat ne parviennent à guérir. Il y a de moins en moins de naissances aussi, mon peuple semble devenir stérile et il est lentement en train de s’éteindre. C’est un fait certain. De moins en moins de gens viennent assister aux rites du Temple aussi, j’ai pu le constater moi-même, et si je dois croire les dires de mon amie Camia, il parait même que des Teir ‘Dal ce sont tournés vers d’autres dieux comme Solusek Ro ou Rallos Zek en abandonnant leur Père.» disait l’elfe noire.
« Mais pourquoi est ce que Innoruuk n’intervient pas ? Pourquoi n’aide t’il pas son peuple mourant ? » disait Fani qui ne comprenait pas.
« Qui sait pourquoi les dieux font ce qu’ils font ou ce qu'ils ne font pas? Ce n’est pas à nous autres mortels, de juger leurs actes. Mais peut être qu’ils ne peuvent ou ne veulent plus intervenir. La dernière fois que les dieux sont intervenus dans la vie des mortels cela a déclenché la destruction de la ville mythique de Takish-Hiz et la création du désert de Ro, enfin si il faut croire les légendes. » disait Venomia maintenant devenue très sérieuse, « Mieux vaut qu’ils n’interviennent pas si c’est pour apporter de cataclysmes pareils. »
« De plus, Innoruuk est le dieu de la Haine et des Ténèbres, et il a crée les Teir ‘Dal à son image. Chez nous, il n’y a pas de place pour les faibles. Si nous ne parvenons pas à nous aider nous-mêmes, nous ne sommes pas dignes de lui. » continua t’elle.
Venomia se réalisa que ces dernières paroles avaient ressemblés à un sermon qu’elle donnerait à l’audience du Spire Of Innoruuk quand elle y officiait encore comme Grande Prêtresse.
Fani la regardait en effet bizarrement maintenant, comme si elle avait entendu une institutrice lui affirmer que un plus un était égal à trois.
« Je m’excuse Fani, nos cultures sont tellement différentes. Je me suis laissé emporter, mais sache bien que je compte faire tout ce qui est en mon pouvoir pour tacher de mener à bien la mission qu’il m’a confié. Je lui dois allégeance, il a crée mon peuple. » disait elle sur un ton rempli d’excuses.
« Ne t’excuse pas Veno, c’est ta religion et je la respecte, bien que j’ai de sérieuses difficultés à comprendre pourquoi une femme qui peut faire preuve d’autant d’amour envers moi, sert un dieu du mal. » répondait Fani tout en donnant un baiser sur la joue de l’elfe noire.
« Tout n’est pas blanc et noir dans le monde Fani, il n’y a que du gris, et chaque race tente de survivre autant bien que mal et chaque peuple porte son fardeau. » disait-elle. « Tu comprendras cela quand… »
« Je serais grande ? » demandait Fani d’une voix moqueuse.
Elles éclatèrent de rire.
« Tu sais que tu peux être une petite chipie aussi Fani ? » disait Venomia encore en pouffant de rire. « Il n’y a que toi qui pouvait tirer au ridicule pareille sérieuse discussion théologique que je tentait de mener. »
« Oui, je sais. Mon père me le disait aussi tout le temps. » répondait Fani et elle se serrait à nouveau dans les bras de l’elfe noire. « Enfin, je ne voulais pas ridiculiser ce que tu m’as expliquée Veno, loin de la. Je comprends maintenant pourquoi tu veux tellement récupérer cette pierre. »
« J’ai bien peur que si je n’y arrive pas, et il y a des chances, que Vorshar va recommencer la guerre, une guerre qui risque d’être encore plus sanglante que la première Fani, donc même nos anciens ennemis ont tout intérêt à ce que je la récupère. » répondait Venomia.
« Mais pourquoi ne demandons nous pas de l’aide aux humains ou aux elfes alors Veno ? » demandait Fani.
« Parce qu’ils croient que la Hatestone est notre arme secrète pour justement recommencer la guerre et prendre notre revanche, Fani. Ce n’est pas pour rien que mon dieu m’a demandé de garder le secret absolu. Si quelqu’un sait que nous essayons de récupérer la pierre, cela déclencherait la guerre finale !» s’écria Venomia.
« Oh, mon dieu. » était tout ce que pouvait dire Fani.
« Oui en effet, et le mien n’est pas content du tout Fani. » disait Venomia.
« On y arrivera Veno, ne t’inquiète pas, je ne sais pas encore comment, mais on la récupérera cette maudite pierre. » Fani essayait de réconforter l’elfe noire du mieux qu’elle le pouvait.
« Merci pour ces paroles Fani, j’apprécie vraiment beaucoup » Venomia lui donnait un petit baiser sur ses lèvres.
« Mais maintenant il faut dormir. Repose-toi, je prendrais le premier tour de garde. Je te réveillerai dans trois heures, puis ce sera ton tour. » continuait-elle.
« Je croyais que nous étions en sécurité ici Veno ? » protestait Fani qui voulait plus que tout dormir contre le corps chaud de l’elfe noire après toutes ces révélations.
« Normalement oui Fani, mais dans les Commonlands, les orcs ne sont jamais loin, mieux vaut prévenir que guérir. » répondait-elle.
« Oui bien sur, tu as raison Veno » elle pensait à l’attaque de l’ours et les autres événements inattendus qui s’étaient déjà passés.
Venomia se r’habillait rapidement et elle enroulait son sac de couchage. « Je vais déjà l’attacher à mon cheval » dit-elle « Je dormirai bien dans le tien quand je viendrai te réveiller. »
« D’accord Veno, comme tu veux. » répondait Fani qui sentait déjà ses paupières devenir lourdes. Quelques minutes plus tard elle sombrait dans un sommeil profond.
Venomia qui s’était postée à l’extérieur regardait, sans que Fani ne la remarque, par la fenêtre lentement s’assoupir la demi elfe.
Bientôt, sur la pointe des pieds et en faisant le moins de bruit possible, elle rentra à nouveau dans la maison et elle regardait tendrement Fani qui était paisiblement endormie.
Elle sortait la lettre plié de la poche de sa tunique et la mit silencieusement à coté de Fani sur le sol.
« Pardonne moi, mon amour. » murmurait elle d’une voix à peine audible. Fani se retournait dans son sommeil, mais ne se réveillait pas.
C’était sûrement la décision la plus difficile de sa vie, qu’elle prenait en ce moment, et elle se tourna et retourna au moins dix fois, prête à ramasser la lettre et à la déchirer en morceaux, mais finalement elle la laissa et elle quittait la pièce, le cœur en pleurs. Puis elle prit les rennes de son cheval et marchait en direction du nord. Quand elle était sûre d’être à bonne distance et de ne plus pouvoir être entendue, elle monta à cheval et se mettait en route vers le grand tunnel menant au Désert de Ro.
<à suivre>
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wow de wow