La mission (vingt-cinquième partie)

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Venomia

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Posté le 14-02-2004 à 20:35:58

La mission – vingt-cinquième partie – La bête

Fani et Venomia, une fois qu’elles avaient traversé la rivière Styx, tout en évitant les gardes du pont, s’étaient remises en route à travers la foret sombre de Nektulos. Après une demi heure de marche, les rennes des chevaux à la main, elles atteignirent une petite clairière entourée d’arbres au feuilletage dense. Au milieu de la clairière se trouvait un arbre tombé, sûrement victime de la foudre lors d’une tempête passée.

Venomia s’assit sur la souche d’arbre et enleva ses bottes encore trempés par l’eau de la rivière. Elle les retournait et de l’eau en coulait par terre. Elle enleva également son pantalon dont le bas était également mouillé à cause de la traversée nocturne.

« Mieux vaut laisser sécher nos vêtements Fani, surtout nos bottes, car sinon nous risquons d’attraper de vilaines cloques au pieds. » dit-elle à l’attention de la demi elfe.

« Est-ce que nous sommes en sécurité ici Veno ? » Fani regardait les arbres encerclant la clairière comme si elle sentait un danger proche.

« L’aube s’est levé, donc nous ne risquons pas de rencontrer des morts-vivants, ils ne sortent de leur tanière que la nuit, et de l’endroit ou nous sommes, si quelque chose devait s’approcher on a le temps d’entendre venir. » répondait Venomia tout en frottant énergiquement le bas de son pantalon avec des feuilles pour essayer de le sécher.

En effet, le soleil qui maintenant s’était levé, ne pouvait presque pas traverser la dense fumée noire crée par les volcans des montagnes de Lava Storm qui recouvrait la foret de Nektulos, la plongeant dans une obscurité quasi éternelle. Donc il ne fallait pas compter sur lui pour faire sécher leurs vêtements plus vite.

Fani avait également enlevé ses bottes et son pantalon et imitait l’elfe noire avec un paquet de feuilles sèches.

« Que fait on maintenant Venomia ? » demandait-elle, tout en frottant.

« Je propose que nous traversions Nektulos avant qu’il ne refasse nuit. » répondait l’elfe noire. « Si nous ne traînons pas, nous atteindrons les Commonlands de l’Est avant le coucher du soleil, et nous établirons notre camp pour la nuit sur place, la bas c’est bien moins dangereux qu’ici. »

« Tout est relatif. » pensa Fani et elle se remémorait sa capture par la bande de Grozdoz dans les Commonlands, mais elle ne dit rien.

La nuit avait été épuisante et elle n’aimait pas la perspective de devoir traverser encore la moitié de Nektulos pendant toute la journée. Mais elle se demanda comment Venomia tenait le coup, elle n’avait pas encore vue l’elfe noire fermer l’œil depuis les trois jours maintenant.

Pourtant Venomia était bel et bien épuisée aussi, les deux petites heures qu’elle avait dormie sur les marches du temple en attendant des nouvelles de Qrixat, n’avaient bien entendu pas su rattraper les trois jours et nuits que maintenant elle était resté éveillée. C’est sûrement pourquoi elle ne remarqua pas que les deux chevaux, attachés à un arbre un peu plus loin, commençaient à devenir nerveux.

« Et je ne dormirai pas encore avant longtemps. » pensait-elle tout en regardant Fani qui était toujours occupée à frotter le bas de son pantalon. Elle admirait la petite demi elfe. Elle a survécu des choses que bien peu de personnes survivraient. « Elle mérite de retrouver la sécurité de sa ville, son père, sa vie. » pensait Venomia. Elle voulait le lui dire mais elle ne pouvait pas. Elle avait peur que Fani proteste et elle voulait éviter la confrontation. Ses sentiments étaient trop forts et elle se laisserait sûrement convaincre. Une fois encore elle était contente d’avoir écrit la lettre lorsque Fani était dans le bain.

« Parle moi encore de la Hatestone, Venomia, pourquoi est elle si importante pour ton peuple ? » la question de Fani la sortait de ses réflexions.

La Hatestone, la pierre que son dieu lui avait ordonné de récupérer. Elle revoyait la pierre noire et brillante qu’elle avait vue quand elle était encore enfant, celle qui se trouvait dans le paume de la main de la grande statue d’Innoruuk au temple de Neriak. Celle que son peuple avait du remettre à leurs vainqueurs de la guerre pour prouver leur bien vouloir envers la paix et l’Empire Commun fraîchement instauré.

« Comment t’expliquer cela Fani, tu n’est pas une Teir ‘Dal. » répondait Venomia.

Fani la regardait déçue de cette remarque.

« Non, non ne le prends pas comme ça Fani, mais pour connaître vraiment l’importance de cette pierre il faut être née sous son signe, et même la plupart de mon peuple ne semble pas se rendre compte de sa véritable importance. » continuait-elle.

« Vois tu, même moi qui a officié comme Grande Prêtresse depuis cinq ans, je ne me suis rendue compte que dernièrement, quand j’ai commencée à entendre la voix et à voir les images dans ma tête, que c’est bien plus qu’un symbole, la Hatestone est l’essence de vie même des Teir ‘Dal. » Venomia voulut continuer à parler mais elle voyait que le visage de Fani avait changé, elle semblait écouter quelque chose d’autre que les explications qu’elle donnait.

« Qu'est ce qu’il y a Fani ? » demandait elle maintenant inquiète. Son oreille pointue essayait d’entendre quelque chose d’anormal, mais tout semblait calme.

« J’ai l’impression que quelque chose nous guette Veno, en fait j’ai cette impression depuis que nous sommes dans la clairière. » disait Fani en baissant la voix.

Les chevaux aussi semblaient sentir un danger imminent et étaient devenus très nerveux. Venomia toujours assise sur le tronc d’arbre, ramassait son bâton et essayait de deviner d’où venait la possible menace.

« Veno ! Attention ! » Le cri de Fani faisait sursauter l’elfe noire et du coin de l’œil elle voyait une énorme masse noire foncer vers elle.

Une grande griffe s’abattait sur le tronc ou Venomia était assise une seconde avant, elle s’était laisser tomber au sol et elle avait roulé quelques mètres plus loin. Les morceaux de bois qui s’étaient décollés du tronc d’arbre à cause de l’impact, volèrent en l’air.

Assise par terre, elle tentait de se relever et maintenant elle voyait son agresseur. C’était un grand kodiak noir, et celui-ci s’était maintenant levé sur ces deux pattes arrière et faisait face à l’elfe noire sur le sol. La bête laissa échapper un grognement terrible et regardait Venomia avec des yeux remplis de ce qui semblait à la fois de la peur et de la fureur.

« Si il se laisse tomber sur moi, c’est fini » pensa Venomia et elle leva son bâton vers la bête, les rubis rouges qui formaient les yeux de crâne de wyvern sur le bâton commencèrent à luire.

« Non ! » Fani avait sauté entre l’ours immense et Venomia toujours par terre.

« Fani ! Tire toi de la ! » criait Venomia, et l’ours aussi, toujours levé sur ces deux pattes arrière accueillait la nouvelle venue avec un grognement féroce.

« Shut ! Tais toi Veno, fais moi confiance. » murmurait Fani « Et surtout ne bouge pas. »

« Elle est folle ! » pensa Venomia « Si j’avais une chance de tuer l’ours avec mon bâton, maintenant c’est fini, et elle va se faire déchirer vivante. » Les yeux du bâton avaient cessé de luire, elle n’osa lâcher une décharge maintenant avec Fani en plein dans sa ligne de tir.

Fani regardait l’ours tout en évitant de lui fixer dans les yeux et elle murmurait quelque chose à l’animal, Venomia ne pouvait comprendre ce qu’elle lui disait tellement elle parlait bas. L’ours semblait lui répondre, d’abord par des grognements féroces, mais ensuite ceux-ci devenaient moins menaçants.

Ensuite la demi elf s’accroupit par terre, devant l’ours toujours debout, comme si elle priait un dieu pour la venir en aide.

Soudain l’ours se laissa retomber sur ses quatre pattes et il s’avança pour renifler Fani toujours accroupie. Il regarda ensuite Venomia, toujours couché par terre à quelque mètres de lui. Elle sentait l’odeur du prédateur, tellement il était proche. Puis l’ours se retourna en lâchant un cri qui ressemblait à une plainte et il s’éloigna. Quand Venomia se releva elle le voyait tout juste disparaître entre les arbres d’où il avait surgi.

« Fani… Il… Il est parti. » parvenait elle à dire enfin.

« C’est une elle. » répondait Fani qui s’était relevée aussi.

« Comment ? » est tout ce que pouvait dire l’elfe noire.

« Je ne sais pas comment Veno, tout ce que je sais c’est que depuis mon enfance je parviens à communiquer avec les animaux. Ca doit être un cadeau de ma mère. » répondait-elle.

« Elle nous a attaqué car elle a trois oursons dans une caverne un peu plus loin, elle ne voulait que défendre ces jeunes, Veno. » disait-elle encore.

« Impressionnant ! » disait l’elfe noire, « Et donc tu as aussi parlé à ton cheval lors de l’incident au pont ? »

« Oui Veno. » répondait Fani.

« Décidément elle ne cessera pas de m’étonner la belle Fani. » pensait Venomia. « Fani, je te remercie de m’avoir sauvé la vie. » disait-elle ensuite.

Fani s’était rapproché d’elle et prit la taille de l’elfe noire dans ses mains. « Tu aurais fait la même chose pour moi Veno, ne me remercie pas. »

« Oui, bien sûr. » acquisa l’elfe noire. « Viens, habillons nous, nous devons repartir, sinon nous n’atteindrons jamais les Commonlands avant la nuit. » Venomia avait su contrôler l’envie immense d’embrasser Fani, mais cela avait été dur. Il valait mieux, car bientôt il faudrait la quitter.

« D’accord Veno, comme tu veux. » répondait Fani, mais depuis quelque temps elle avait l’impression que l’elfe noire évitait de la toucher, comme si elle essayait de nier les sentiments qu’elles éprouvèrent l’une pour l’autre. Elle avait fini par accepter les sentiments qu’elle éprouvait pour l’elfe noire, aussi étranges et inattendus soient ils, elle était prête à se laisser guider par l’amour irrévocable qu’elle sentait, mais elle sentait que Venomia de son coté n’avait pas encore franchi ce pas. Elle espéra que ce n’était pas vrai, car le bain et le baiser dans la rivière avaient prouvé le contraire.

« Et tu n’avais pas finis tes explications sur la Hatestone Veno. » disait Fani en remettant ses bottes.

« Ce sera pour une autre fois Fani. » répondait Venomia qui avait fini de se r’habiller.

Bientôt les femmes se remirent en route en direction des Commonlands et une fois que Venomia était sûre de ne plus rencontrer de patrouilles Teir ‘Dal, elles rejoignirent la route et remontèrent à cheval.

Après quelques heures de cheval, le soleil de l’après midi commençait à percer l’obscurité et encore quelque temps après, les arbres commencèrent à devenir moins denses et bientôt elles débouchèrent dans le territoire que les Norrathiens appèlent les Commonlands de l’Est.

<à suivre>

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